UNE MISSION DE PRÉPARATION en octobre 2016

Première expédition au Groenland par Sandrine Jacquot

Ce voyage était attendu… il est un l’aboutissement d’un incroyable défi et de beaucoup de travail. Comment s’est-on retrouvé sur l’inlandsis groenlandais ? Un idée qui germe et qui murit après un projet local autour de la biodiversité avec deux classes d’élèves de nos deux collèges. Le travail inter établissement et interdisciplinaire est un succès. Et si on le poursuivait en changeant d’échelle ? L’Europe et sa richesse nous inspirent, le changement climatique, son impact sur la biodiversité en Europe aussi. Nos idées vagabondent en direction du Nord : Norvège, Spitzberg, et pourquoi pas le Groenland ?
Sous souveraineté danoise, il est membre à ce titre de l’espace Schengen donc considéré comme pays européen. Le mot est lancé, le rêve aussi. L’éloignement et les couts liés à un tel voyage vont très vite nous obligés à être réactifs. Pour financer le déplacement de deux classes, nous devons rechercher de grosses subventions en proposant un projet solide et sérieux. L’Europe avec ses programmes de mobilités pour étudiants peut nous donner cette chance. Le dossier est lourd, fastidieux : il s’agit de préparer en amont deux ans de projet. En attendant nous lançons les deux classes sélectionnées dans l’aventure, sorties sur le terrain, rencontre avec des scientifiques à l’université de Dijon, COP 21, 8ème Récid’eau à Sens, classes d’eau… Le projet scientifique est lancé, ce sera les impacts du changement climatique sur la biodiversité dans deux pays la France et le Groenland à travers l’évolution de deux espèces, le renard roux et le renard polaire.

Quand fin août la réponse d’Erasmus nous allouait la totalité de la subvention demandée, ce qui était une utopie devint brusquement une réalité. Nous allions pouvoir faire vivre notre projet scientifique et nous rendre au Groenland.
C’est ainsi qu’un 28 octobre 2016, le gros avion rouge d’Air Greenland nous déposa sur le sol groenlandais avec deux scientifiques pour finaliser notre projet avec nos homologues inuit.
Etendues glacées, paysages grandioses, froid saisissant, nous vivions quelque chose d’unique, fiers d’avoir relevé le défi et d’être allés au bout de nos convictions et peut être aussi parfois de nos limites.
Nous avons fait connaissance au long de notre séjour avec le peuple inuit : humble, beau, gentil qui revendique sa culture face à l’ancienne colonisation danoise. Les quelques mots d’inuit appris nous ont un peu rapproché d’eux.
Nous avons découvert un environnement rude mais tellement unique et beau. Découverte en balade de Ilulissat, ville d’environ 4500 habitants. Son musée, son église, son port, ses boutiques. Ilulissat devient touristique et voit fleurir des hôtels, un office du tourisme, des boutiques de souvenirs…

Une excursion en chiens de traineau, nous a permis de faire la connaissance d’un musher qui instinctivement nous a évoqué le réchauffement climatique : à la même saison quelques années auparavant il y avait de la neige là où nous nous baladons. L’expression « Global warming » dans la bouche d’un inuit alors qu’il semble loin de tout, nous interpelle, notre projet scientifique prend tout son sens…
Le lendemain nous nous rendons sur le site classé au patrimoine mondial de l’humanité : le glacier qui vêle le plus d’icebergs de l’hémisphère nord. Le plus gros iceberg du monde, le Jakobshavn est retenu dans le fjord. Spectaculaire, grandiose, le paysage est somptueux. Une carte à l’entrée du site nous rappelle une fois de plus les effets du réchauffement climatique, le front du glacier recule d’années en années de manière impressionnante. Depuis 2000 le front du glacier a reculé de l’équivalent de son recul durant le XXème siècle…
Notre séjour prend fin quelques jours plus tard sous une tempête de neige, les avions prennent du retard, mais ce n’est pas grave, le temps n’est pas le même qu’en Europe, nous partirons c’est certain, car nous voulons revenir, revenir vite, nous le savons depuis le premier instant où nous avons posé le regard sur ce magnifique continent.